Communiqué de presse -

Assez tergiversé, la Belgique doit miser sur le rail

Amélie Cardyn, Expert mobility solutions Agoria (L’Echo, 18/12/19)

Le constat relève de l’évidence: un bouchon se forme lorsque la capacité d’un mode de transport est insuffisante par rapport à la demande. Et la solution qui permet de transporter le plus de personnes, c’est le transport sur rail : le train, le métro, le tram. On y transporte 500 voyageurs en occupant maximum 200 mètres de long.

Les mêmes personnes en voiture constituent une file de presque 1 kilomètre. On évoque ici purement la capacité, c’est-à-dire le nombre de personnes transportées. Ne parlons même pas de l’environnement, du confort et de la sécurité, autres points forts des transports sur rail.

Aux heures de pointe, toutefois, les trains sont bondés et trop souvent en retard. Ils perdent ces avantages concurrentiels de confort et de rapidité.

Il n’y a pas à tergiverser: la Belgique doit améliorer son système de transport, et la solution passe inévitablement par une meilleure performance des trains. Pour se rendre à la gare, et depuis la gare jusqu’à destination, il faut utiliser d’autres véhicules, quand on n’habite ni ne travaille à proximité de la gare.

Un train de navetteurs en Belgique, c’est un véritable show-room de la micro-mobilité. Et un étalage dans lequel on se prend les pieds.

Se déplacer en combinant les modes de transport reste trop complexe. Les connexions ne sont pas assez efficaces: horaires incompatibles, bus coincés dans les bouchons, abords des gares mal adaptés aux cyclistes et aux piétons… et un manque cruel de lisibilité qui exige des usagers une expertise dans la lecture des horaires, l’utilisation de plusieurs app sur leur smartphone (quand ils en ont un) et l’achat de multiples titres de transport.

Pour compenser le manque de connexions, certains emportent avec eux vélos pliants, monowheels et trottinettes. Un train de navetteurs en Belgique, c’est un véritable show-room de la micro-mobilité. Et un étalage dans lequel on se prend les pieds.

Alors, que faut-il faire? Faire des choix ensemble…

Comparaison n’est pas raison, mais tout de même, on ne peut s’empêcher d’envier certains de nos voisins, qui ont revu leur réseau de fond en comble, et opéré des choix. Ils offrent à leur population des trains plus chers, certes, mais surtout nettement plus attrayants, pour tous les profils de passagers.

Choisir, c’est aussi renoncer. Il y a des pistes qu’il faudra abandonner et des héritages du passé à remettre en question.

Par exemple, une possibilité est de couper certaines lignes longues à des points de correspondance décentrés, de sorte qu’une perturbation sur une ligne n’ait plus un impact sur tout le réseau. C’est un choix qui augmente le nombre de correspondances pour le voyageur. Mais si les horaires en deviennent plus fiables (plus “robustes” comme on dit dans le jargon ferroviaire), et que le confort des gares est amélioré, l’augmentation du nombre de correspondances est acceptable.

Autre exemple: lors de l’annonce du RER, des propositions ont immédiatement été faites par les associations cyclistes de profiter de l’élargissement à quatre voies pour prévoir une bande supplémentaire pour les cyclistes, sur un itinéraire plat et direct. Voici enfin que cette option est prise au sérieux.

Dernier exemple: les lignes peu fréquentées. Avant de prendre la décision radicale de les fermer, différentes options sont envisageables, allant de trains sans caténaire à la transformation en bande pour des bus à haut niveau de service, en site propre, longée par un aménagement cyclo-piéton.

Que ce soit en matière de correspondances bus/trains, d’aménagements des abords de gares, ou d’intégration tarifaire, il faudra se parler entre administrations, cabinets et autres acteurs. Les “vervoersregio” et autres “bassins de vie” sont une opportunité à saisir d’intégrer les acteurs et de penser à une échelle métropolitaine. Au-delà des frontières internes et externes du pays. Repenser les opérations et les lignes au niveau métropolitain ne signifie pas la scission du pays.

Tout l’art est dans la mise en œuvre. Aucun choix ne sera mauvais, pour peu qu’il soit porté par les acteurs et mis en place jusqu’au bout, avec conviction et volonté d’atteindre l’objectif. L’objectif qui est, rappelons-le, un système de transport efficace, structuré autour des modes ferrés.

Agoria vient de publier un “white paper” reprenant une analyse de la situation et des recommandations aux gouvernements fédéral et régionaux, ainsi qu’à nos villes. La rédaction en a été confiée à Alain Flausch (ex-directeur de la STIB). www.agoria.be/fr/Le-rail-un-ingredient-indispensable-de-la-mobilite-du-futur

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