Communiqué de presse -

Communiqué de presse - L’insuffisance cardiaque : une meilleure coordination s’impose

Un Belge sur cinq court le risque de développer une insuffisance cardiaque au cours de son existence. Aujourd’hui, la maladie touche déjà 250.000 Belges, un nombre qui pourrait bien doubler à l’horizon 2040 en raison du vieillissement de la population. Le secteur des soins de santé n’est pourtant pas suffisamment préparé pour faire face de manière optimale à l’insuffisance cardiaque et ainsi éviter, entre autres, des réadmissions superflues à l’hôpital. Les cardiologues du Belgian Working Group for Heart Failure plaident en faveur d’une approche coordonnée en tant que plan directeur pour nos futurs soins de santé, qui pourrait induire en outre de réelles économies pour les pouvoirs publics.

L’insuffisance cardiaque est une affection grave et souvent progressive due à une altération de la fonction cardiaque, où les fonctions corporelles sont de plus en plus atteintes et la qualité de vie du patient se détériore. La maladie n’étant pas (encore) guérissable, le traitement consiste à lutter contre la détérioration du cœur. Un bon suivi assuré par le l’équipe médicale (médecins traitants, cardiologues, infirmières) et un style de vie sain revêtent par ailleurs une importance essentielle. Près de la moitié des patients (46 pour-cent) qui souffrent d’insuffisance cardiaque dans notre pays décède dans les cinq ans. C’est plus que pour la plupart des cancers, comme en attestent les chiffres du Lancet (2018).

Un quart des patients revient à l’hôpital

Même si la science médicale progresse à grands pas, l’organisation des soins est perfectible, comme en attestent des comparaisons internationales (cfr. par The Economist Intelligence Unit, 2017). La Belgique n’a pas encore développé de vision stratégique en ce qui concerne l’approche des problèmes cardiaques en général, et l’insuffisance cardiaque en particulier. Elle exploite encore les données (des patients) de manière insuffisante et présente une carence sur le plan de l’organisation des soins (p. ex. encouragement des soins professionels à l'extérieur de l'hôpital). Fait symptomatique : un quart des patients sont à nouveau hospitalisés dans le mois qui suit leur admission à l’hôpital pour insuffisance cardiaque. C’est plus que n’importe quelle autre affection alors que ce pourcentage peut être réduit moyennant un suivi correct du patient après hospitalisation.

« Si nous pouvons franchir le pas d’une approche réactive des situations aigues vers une stratégie proactive cartographiant l’évolution complète du patient, nous pourrons améliorer les chances de survie, offrir aux patients une meilleure qualité de vie, et potentiellement réaliser des économies en terme de soins de santé », affirme le Prof. Dr. Anne-Catherine Pouleur, vice-présidente du Belgian Working Group for Heart Failure (BWGHF). Pour le BWGHF, l’organisation des soins en matière d’insuffisance cardiaque pourrait ainsi servir de modèle pour les soins de santé de demain. Les affections qui, grâce aux progrès de la médecine, peuvent être traitées de manière chronique, sont organisées dans ce modèle autour du patient à partir du parcours de soin complet.

Meilleure coordination : tout profit pour le patient et les pouvoirs publics

Concrètement, le BWGHF formule trois propositions :

  1. Le développement d’une vision stratégique en matière d’insuffisance cardiaque, basée sur la collaboration entre les disciplines médicales (spécialistes, médecins généralistes, infirmiers, kinésithérapeutes,…) et par-delà les murs de l’hôpital. Utiliser les perspectives qui émanent aujourd’hui déjà des projets-pilotes en matière de soins intégrés des personnes atteintes de maladies chroniques (p. ex. les projets Integreo).
  2. Développement d’un modèle de soin post-hospitalisation. Encourager les hôpitaux à désigner un infirmier/une infirmière responsable en charge de l’application de ce modèle en prévoyant pour ce faire une prestation infirmière remboursée. L’hôpital devrait également veiller à prévoir une visite d’un infirmier/une infirmière au domicile du patient dans les deux semaines qui suivent sa sortie l’hôpital afin de l’accompagner dans le protocole de sortie pour l’encadrer.
  3. Intégration des données relatives à l’insuffisance cardiaque. Réunir les données issues des registres locaux en matière d’insuffisance cardiaque, les compléter par les données liées aux patients, pour offrir l’opportunité aux cliniciens, scientifiques et décideurs politiques de mesurer, évaluer et rectifier l’impact de la politique.

Prof. Dr. Anne-Catherine Pouleur : « Grâce à cette approche multidisciplinaire, nous serons en mesure d’écourter les hospitalisations et d’éviter les réadmissions superflues. C’est important pour le patient, en lui offrant de meilleures chances de survie et une meilleure qualité de vie. C’est également tout profit pour le budget du des soins de santé ».

Le coût médical annuel direct de l’insuffisance cardiaque s’élève à quelque 300 millions d’euros par an. De ce montant, 60 pour cent sont destinés aux hospitalisations. Si l’approche coordonnée proposée coûtait chaque année 2 millions d’euros aux pouvoirs publics, ces derniers économiseraient à vitesse de croisière 35 millions d’euros (moins d’examens, et des hospitalisations moins nombreuses et de plus courte durée). En d’autres termes, l’économie finale pourraient s’élever à 33 millions d’euros sur une base annuelle.

Le BWGHF espère que ses propositions seront reprises par les partis politiques dans leurs plans en matière de soins de santé et, au final, dans les plans de politique du nouveau gouvernement fédéral après les élections du 26 mai 2019. Dans le cadre des Journées européennes de sensibilisation à l’insuffisance cardiaque du 6 au 12 mai, le BWGHF mène actuellement une campagne de sensibilisation à Bruxelles. Différentes activités seront déployées plus tard cette semaine dans plus de 35 hôpitaux. La campagne est soutenue par l'association de patients 'Mon Coeur Entre Parenthèses', Domus Medica, les Belgian Heart Failure Nurses, la Ligue Cardiologique Belge, le Belgian Society of Cardiology et le Belgian Heart Foundation.

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Références

Lien hôpitaux (francophones): www.insuffisance-cardiaque.be/agenda

Annexe : infographique (libre d'utilisation)

Tags

  • soins de santé
  • insuffisance cardiaque
  • politique de soins de santé

A propos du BWGHF

Le Belgian Working Group on Heart Failure and Cardiac Function est l’un des groupes de travail de la Société Belge de Cardiologie. Il est composé de spécialistes de l’insuffisance cardiaque et a pour principal objectif d’améliorer la qualité du traitement de l’insuffisance cardiaque en Belgique.

Plus d’infos : www.BWGHF.be.

Contacts presse

Bram Swaerts

Senior communications manager 0486 91 12 59