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Les chercheurs avec Meggi Pieschel (à gauche), Jens Ebert (deuxième à partir de la droite) et Susanne zur Nieden (à droite) (Photo : Michael Olbrich-Majer/Demeter Deutschland)
Les chercheurs avec Meggi Pieschel (à gauche), Jens Ebert (deuxième à partir de la droite) et Susanne zur Nieden (à droite) (Photo : Michael Olbrich-Majer/Demeter Deutschland)

Communiqué de presse -

Opportunisme « en faveur de la sauvegarde du sol » >>> Étude sur le mouvement biodynamique et Demeter à l‘époque nazie

Goetheanum, Dornach, Suisse, le 5 septembre 2024

L’étude ‹ Die biodynamische Bewegung und Demeter in der NS-Zeit › [Le mouvement biodynamique et Demeter au temps du nazisme] présente la densité des liens entre le mouvement biodynamique et le national-socialisme en Allemagne et montre que le mouvement n‘a pas repris d‘idéologèmes centraux du nazisme comme l‘antisémitisme.

Le mouvement biodynamique s‘est « intégré dans la structure complexe résultant de la superposition entre le parti et l‘État nazis ». Telle est l‘une des conclusions de l‘étude de Jens Ebert, Susanne zur Nieden et Meggi Pieschel. Ces chercheurs, respectivement journaliste et auteur, docteure en histoire et paysagiste ont analysé depuis 2020 des documents, dont 10 000 pages de textes sur l‘appareil national-socialiste et des dossiers de ministères provenant de plus de trente archives et successions. Sur la base de ces larges sources, l’étude retrace l‘histoire complexe du mouvement biodynamique avec des accents nuancés et des constats clairs.

Au lieu d‘opter pour la dissolution, les membres des associations biodynamiques décidèrent de s‘aligner, choix qui conduisit in fine à la création du ‹ Reichsverband für biologisch-dynamische Wirtschaftsweise in Landwirtschaft und Gartenbau › [Fédération du Reich pour la production biodynamique en agriculture et jardinage]. Depuis 1934, sous la protection, entre autres, de Rudolf Hess, des liens institutionnels existaient entre le mouvement biodynamique et le national-socialisme. Parallèlement, des luttes de pouvoir au sein de l‘appareil nazi visaient à favoriser, empêcher ou interdire la biodynamie. Son positionnement critique vis-à-vis de la chimie contrariait en outre l‘agro-industrie, I.G. Farben en tête, sans parler de l‘utilisation de l‘azote pour les engrais et les explosifs. Le départ de Rudolf Hess en avion vers la Grande-Bretagne en 1941 et son arrestation tranchèrent la lutte pour le pouvoir : la Gestapo dissolut la Fédération. Suite à l‘intérêt d‘Heinrich Himmler, des biodynamistes collaborèrent cependant à la culture de parcelles dans les camps de concentration comme de Dachau, Ravensbrück, Mauthausen et dans une ferme expérimentale ukrainienne de Wertingen.

L‘approche des chercheurs précise les modes d‘action des principaux protagonistes, entre adaptation et efforts pour préserver la biodynamie. Ainsi, Erhard Bartsch, dirigeant de la Fédération, demeure « avant tout un anthroposophe convaincu » qui « ne défendit pas de positions antisémites », mais « soutint l‘État nazi et vénéra la ‹ personnalité › d‘Adolf Hitler ». Les chercheurs interprètent son attitude et celle du mouvement biodynamique ainsi : « L‘opportunisme des biodynamistes se nourrissait principalement d’une mission de sauvegarde du sol et de la volonté de faire accepter ce mode de culture en tant qu‘idée et dans la pratique ». L‘équipe note qu‘elle n‘a rencontré, dans les publications biodynamiques, aucune approbation de l‘antisémitisme, du racisme, du chauvinisme ou de l‘éradication des « vies indignes d’être vécues ». Tous les membres de la Fédération n’approuvèrent pas sa ligne.

« Nous savons maintenant avec précision jusqu‘où le mouvement biodynamique s‘est engagé sur la voie du national-socialisme en Allemagne », constate Ueli Hurter, coresponsable de la section d‘agriculture du Goetheanum. Et d‘ajouter : « Notre responsabilité de biodynamistes envers la dignité de l‘être humain est d‘autant plus grande. Nous avons affirmé en 2020 que le mouvement biodynamique défend les droits de la personne, la liberté d‘expression, le pluralisme, le cosmopolitisme et qu’il se distancie clairement de l‘extrémisme et des visées hostiles aux êtres humains ». Les associations Demeter Allemagne, la Fédération Biodynamique Demeter International et la section d‘agriculture ont commandé l’étude qu’elles ont cofinancée avec la fondation Software-AG, la fondation Edith Maryon et le Fonds Rudolf Steiner.

(3884 caractères/SJ; traduction : Jean Pierre Ablard)

Étude Jens Ebert, Susanne zur Nieden et Meggi Pieschel, Die biodynamische Bewegung und Demeter in der NS-Zeit. Akteure, Verbindungen, Haltungen. Me-tropol-Verlag, Berlin 2024

Personne contact Anna Storchenegger

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